Léon voulait une switch depuis plus d’un an, car le fils de Denis en a une. Mais, vu que l’écran est un sujet assez conflictuel entre nous, j’avais posé un contrat : “tu auras une switch quand tu arriveras à poser l’écran quand je te le demande, sans trop de crise”. (oui, y a le “trop”, parce qu’à son âge, espérer zéro crise pour un écran, c’est utopique). D’autant que pour Léon, l’écran est un de ses ISR (Intérêt spécifique et restreint). L’écran, c’est sa bulle ressource.

Il a eu sa switch pour son anniversaire, fin octobre. Il était extrêmement heureux. Il ne s’y attendait pas : surprise !!!

Il joue à Minecraft et à Fornite.

Il était triste car il jouait seul sur Fornite. Il ne connaissait personne qui y jouait. Et évidemment, y a un contrôle parental par lequel il ne peut jouer et parler qu’avec ses “amis”, et pour inviter des amis, je dois entrer un code pin. Pareil, le chat n’est activé qu’avec ses amis. Fortnite bloque, de toutes façons, le chat pour les moins de 13 ans, autres que “amis”. [Pour créer et paramétrer un compte enfant/restreint sur Fornite et les jeux Epic Games https://www.fortnite.com/news/how-epic-games-cabined-accounts-work-in-fortnite et https://www.epicgames.com/site/fr/parental-consent]

J’ai fais une demande de partenaires de jeux sur les groupes IEF et maintenant il a des copains IEF pour jouer en ligne. Il est super content.

Il voulait une chambre de gamer. Pour lui, un chambre gamer : un bureau, un fauteuil confortable, sa switch, son casque/micro et “tranquille Emile” comme il dit !

On a passé l’après-midi à trier tous ses jouets, ranger et installer une table basse et son fauteuil.

Je suis contente, car jouer en ligne lui permet de socialiser avec d’autres enfants, parler, respecter des règles d’équipe, travailler les habiletés sociales, gérer la frustration…. et développer des compétences game (dextérités, attention, observation, réflexion, analyse, rapidité, réactivité etc). En prime, quand il faut lire, il me demande ce qui est écrit, et il m’a demandé d’écrire sur un post it des mots/phrases simples dont il peut avoir besoin pour écrire sur son jeu. Sinon, pour communiquer pendant le jeu, il est en chat vocal.

Je suis de plus en plus étonnée par son langage. Il a toujours des troubles de prononciation et grammaticales, mais il utilise un vocabulaire assez choisi. Il utilise des mots que peu d’enfants de son âge utilisent. (Elena aussi d’ailleurs).

C’est plus “facile” pour lui : il est chez lui, dans son environnement, avec personne qui touche à ses affaires et fait intrusion dans son environnement et en même temps il est avec d’autres, partageant un centre d’intérêt commun. Il se fait des copains (principalement en IEF) par ce biais et espère pouvoir les rencontrer “en vrai” un jour. D’ailleurs, on m’a susurré de faire des rencontres IEF gamers à l’écolieu…

Certains parents sur un groupe IEF crient aux scandales sur l’utilisation de l’écran, les jeux vidéos en ligne ou plus particulièrement Fornite. Longtemps, j’ai été anti-jeux vidéos, jusqu’au jour où la neuropsy qui suivait ma fille aînée nous a poussé à en utiliser pour travailler ses troubles de l’attention… Mais, mes filles ne sont pas des gameuses. Elles aiment bien jouer, sans plus, de temps à autres. Léon, lui, est un gamer. Avec un papa et un beau-papa gamers, c’est peut-être pas étonnant. L’écran a toujours été sa bulle-ressource, dès qu’il se sent débordé émotionnellement, sensoriellement ou en interactions sociales. Cela l’aide à se recentrer intérieurement. Après, c’est comme pour tout, au final, ce n’est pas l’outil qui est bon ou mauvais, mais l’utilisation qu’on en fait et l’accompagnement parental. Oui, je m’attends à ce qu’il y ait des crises, par moment, quand je limiterai le temps passé dessus etc. Mais, c’est ainsi que va la vie et qu’on apprend à se gérer ! Des contrats relatifs à l’écran sont posés avec Léon depuis 2 ans. J’ai connu des personnes chez qui l’écran n’existait pas et était le diable… Ces enfants devenus adultes et autonomes ont acheté un écran, en priorité, et sont devenus addicts. L’interdiction n’empêche pas l’addiction et les dérives. Bien au contraire. Autant apprendre dès le plus jeune âge à maîtriser l’outils et les dérives possibles (addictions, dangerosité des jeux en ligne (prédateurs etc)).

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