
Sortie au cirque — émotions, imprévus… et résilience
Ce mercredi, nous sommes sortis. Une vraie sortie familiale. Une de celles qu’on anticipe longtemps à l’avance… et qu’on redoute un peu aussi, soyons honnêtes. Le cirque s’était installé pas loin, avec un chapiteau de mille places — et à l’intérieur, peut-être 200 personnes. Idéal pour nous. Pas de foule oppressante, de cris qui rebondissent de partout, ni d’interminables files d’attente. On a pu s’installer dans une zone très calme, avec un accès facile pour sortir en cas de besoin. Rien que ça, c’est un soulagement énorme pour nous.
Les enfants ont été formidables.
Elena a adoré. Elle a bien vécu le spectacle, d’autant plus que le clown ne ressemblait pas aux clowns classiques (et flippants pour elle : elle a une phobie des clowns). C’était un personnage doux, un peu burlesque, mais sans maquillage criard ni gestes trop envahissants. Ouf. Son casque anti bruit/audio JBL live 660NC, tout juste reçu le matin même, était autour de son cou, au cas où et Léon pouvait l’emprunter par moments.
Ah, Léon… Mon petit cœur. Il a vraiment géré, malgré une accumulation d’imprévus qui auraient pu faire dérailler la journée.
- Il attendait ses pop-corn avec impatience… sauf qu’ils ne prenaient pas la CB. Pas un centime en poche, et une promesse qu’on ne peut pas tenir, c’est souvent le point de rupture pour lui. Il a bugué là-dessus une bonne partie du spectacle, mais il est resté présent, concentré par moments, absorbé par les acrobaties. Une vraie victoire intérieure.
- Ses toutes nouvelles lunettes de soleil sont tombées sous les gradins… perte dure émotionnellement. Ce n’est pas juste un objet, c’est un symbole : un cadeau récent. Perdre ça, c’est comme sentir une partie de son monde glisser d’un coup.
- Et pour couronner le tout, après le spectacle, au goûter pris chez Crescendo, il a laissé exploser la tension. Son donuts ne lui plaisait pas. Il a jeté sa tête en arrière, comme souvent dans ces moments-là, et s’est violemment cogné l’arrière du crâne sur le bois au-dessus de la banquette. Il a hurlé. Fort. Et longtemps. Et moi… j’ai dû lutter contre mon instinct de le prendre dans mes bras. Parce que quand il est comme ça, faut pas le toucher. Pas lui parler. Pas le regarder. Juste rester là, à proximité, en silence, en présence. C’est difficile. C’est violent intérieurement. Mais c’est ce qui fonctionne pour lui.
Et moi ? J’ai tenu. J’ai stressé, bien sûr. J’ai porté l’organisation de cette sortie pendant plusieurs jours, stressée par mes propres défis. Et ce matin-là, comme pour tester mes limites, un petit grain de sable est venu tout chambouler. Cédric est venu faire tomber la charpente (prévu), et il a fallu le ramener chez lui… en voiture… car il était venu en tracteur (pas prévu). L’imprévu, c’est mon cauchemar silencieux. J’ai serré les dents. Je me suis retenue de pleurer dans le noir du chapiteau. J’ai eu une énorme pensée pour mon homme. Pas là pour vivre ça avec nous. Pas là pour partager ces moments, ces galères, ces rires, ces yeux émerveillés. Et ça m’a déchirée.
Mais j’ai tenu. J’ai dépassé mes limites.
Et aujourd’hui, je peux dire : on l’a fait. Ensemble. On a traversé cette sortie avec tous nos codes, toutes nos particularités, toute notre humanité.
Et c’était beau.
Réflexions autour de l’IEF et des sorties “extra-ordinaires”
Sortir avec des enfants TSA, TDAH, multi-dys, c’est toujours une aventure. Mais ce genre de journée me rappelle que l’instruction en famille, ce n’est pas juste transmettre des savoirs formels — c’est surtout vivre ensemble, apprendre à se connaître, à s’adapter, à ressentir, à grandir.
Et pourtant… depuis quelque temps, je sens la pression. Celle de l’Éducation Nationale, des contrôles, des exigences “pédagogiques”. Je me suis mise à structurer, formaliser, cadrer. Mais je vois mes enfants se refermer, perdre cette étincelle, cette spontanéité qui faisait leur joie d’apprendre. Je sens que ça ne leur convient pas. Et moi, j’ai l’impression d’avoir perdu le mode d’emploi de ce unschooling que j’ai pourtant pratiqué pendant plus de 11 ans… et qui fonctionnait, si bien.
Cette sortie m’a rappelé pourquoi on a choisi ce mode de vie. Pourquoi on a quitté les cadres rigides pour revenir à l’essentiel : le vécu, le lien, le sens. L’apprentissage se fait dans chaque émotion traversée, dans chaque imprévu affronté, dans chaque adaptation réussie. C’est là que tout se joue.
Et si c’était ça, aussi, apprendre : traverser les tempêtes ensemble, et en ressortir un peu plus solides, un peu plus liés, un peu plus vivants ?

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2 réflexions sur « Sortie au cirque — émotions, imprévus… et résilience »
Coucou Erika,
Sacrée journée mais vous avez tous géré et pu profiter de ce moments tous les trois. C’est top !
Bien sûr une pensée pour Denis auquel tu fais référence ⭐
Et comme je partage tes réflexions sur l’unschooling. Une bien belle façon d’apprendre qui sert en plus tout au long de la vie car on est des apprenants non stop, quel que soit notre âge. Mais va faire comprendre ça à la plupart des gens bien formatés au système scolaire, pourtant guère équitable et peu efficace…
Prenez soin de vous.
* ce moment